Les craquelures sous nos pieds
dessinent des cartes du monde.
Celui qu’on a trop rêvé,
celui dont parle les radios,
strié de peuples identiques
que d’autres vents font sécher
sur les goudrons similaires
de villes aux noms exotiques.
Je vais souvent les jours vides
dans les rues sentir l’air chaud,
la poussière et le bitume,
y contempler les couleurs,
ternes par modestie,
respectueuses des vivants,
pour que la seule clarté
soit celle de nos corps blanchis.
Mes mains se posent sur le sol.
Je sens gronder la ville tiède,
murmurer les véhicules,
les entrailles moites du quartier,
les chants des gosses oubliés,
le bruit des vitres brisées,
les chiens qui gueulent à la lune.
Et dans les cages d’escalier,
dans les parkings désertiques,
les abribus salutaires,
là où se forgent nos suppliques,
je sens que bougent les pavés,
que sous la frêle caresse,
de nos désirs fauchés
une pyramide se dresse,
et neuf merveilles à côté.
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publié le 25 août 2014 à 22 h 55
Notice : C'est une chanson qui me suit depuis longtemps. Elle était présente (a capella) sur l'album "Ici vécut et fut arrêté XXX," en 2002 puis je l'ai interprétée accompagnée d'un orgue ou d'une guitare pendant les années qui ont suivi, variant toujours l'arrangement mais jamais la mélodie. Pourtant, sa place originelle était dans ce recueil où elle demeure désormais. |
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