Le premier roman de l'auteur avait connu un succès stupéfiant. Critiques et public s'étaient accordés sur le fait que l'ouvrage renouvelait incontestablement un genre, apportait un souffle nouveau à la littérature et installait durablement son auteur aux côtés des figures importantes du monde culturel. Puis le deuxième roman de l'auteur n'avait pas déclenché le même enthousiasme. Si on lui avait reconnu des qualités et les signes indéniables du génie du précédent, on s'était aussi ému de la trop forte similitude d'avec celui-ci. Et les années qui suivirent, les troisième, quatrième et autres romans publiés n'apportèrent à public et critiques que toux gênée et haussements d'épaules jusqu'à ce que plus personne ne prenne même la peine de vérifier que chaque nouvelle publication demeurât aussi décevante qu'on pût le pressentir.
A la question "n'avez-vous pas dit tout ce que vous aviez à dire ?" l'auteur avait répondu : "on n'écrit véritablement qu'à l'instant où l'on est convaincu d'avoir déjà tout dit. On écrit véritablement qu'à l'instant où l'on n'a plus peur de mourir avant la fin de sa phrase."
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publié le 11 mars 2015 à 22 h 49
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