Série : millequestions |
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L'auteur pensait beaucoup lorsqu'il était seul. Sur les trottoirs translucides au travers desquels il contemplait la vie des vers. Assis dans son bureau à attendre le combiné sur l'oreille qu'un opérateur veuille bien lui répondre et finalement ne pas résoudre son problème de connexion internet ni aucun autre problème de son existence. Nu dans la salle de bain pétrifié devant son reflet si familier qu'il en devenait comique. En ces instants et en mille autres il pensait aux réponses qu'il pourrait formuler si jamais on lui posait quelques questions spécifiques et nécessaires. Il préparait ainsi bons mots et répliques cinglantes dont il ne doutait pas qu'ils passeraient à la postérité et seraient reproduits en gras entre les paragraphes des interviews qui lui seraient consacrées. Il imaginait par exemple affirmer que la littérature est une pratique qui exige une profonde humilité en même temps qu'une ambition folle ou que ses romans sont des morceaux de carbone qu'il appartient au lecteur de cristalliser. Etc.
A la question "que pensez-vous de la rémunération des auteurs qui participent à des festivals ?", l'auteur avait répondu : "les festivals sont des morceaux de carbone qui exigent une profonde humilité".
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publié le 26 octobre 2016 à 11 h 16
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